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LE MAL-ÊTRE COMME CAUSE PRIMORDIALE DE TOUTE CONSULTATION


Le sens de tous les dérangements qui blessent le corps et l’âme de l’homme demeure dans le dé-rangement général de sens qui désormais traverse une histoire qui n’est plus de fond en comble qu’internement de l’épanouir dans la décevante réclusion du farder et du compter.

Le mal-être révèle instantanément que l’être a perdu toute relation d’exactitude avec l’effectivité de son véridique lui-même. C’est le rapport social où l’être de l’homme est séparé de lui-même et où cette séparation unifie le quotidien en inversion de la vie jusqu’à généraliser partout le percevoir égaré et la conscience amputée.

Toute l’histoire des sociétés contemporaines dans lesquelles désormais gouvernent les lois du spectacle marchand se présente comme une immense accumulation de scissions entre les êtres vivants et leur propre vie abîmée.

Le système social de production de la modernité est l’infinie fabrication circulaire d’individus isolés dans la grande foule indistincte où la déchéance de l’être en avoir s’est universalisée en même temps que la vérité du désir authentique se voyait, elle, fétichisée en simple paraître consommatoire du plaisir chosifié.

Par delà les satisfactions illusoires de l’abondance matérielle, la pauvreté essentielle de l’homme ne cesse de se manifester dans les blessures innombrables de chaque vie individuelle atomisée et banalisée qui souffre dans la solitude du factice interminable et dans la négation achevée du sens de l’authentique.

La tristesse immense du monde des fausses joies de la luxuriance marchande est la réalisation aboutie de la cruelle séparation de l’humain d’avec lui-même.

Souffrance, angoisse, dépression, phobie, troubles obsessionnels, dysfonctionnements communicationnels, difficultés sexuelles, dérèglements psychosomatiques, déséquilibres alimentaires, déconvenues amoureuses, perte de confiance en soi…Par delà tous ces mots qui qualifient superficiellement les maux sans en appréhender la naissance, la cause du mal-être est toujours à l’origine, la perte de l’unité de l’être de l’homme et l’accroissement formidable du spectacle moderne de l’errance dans le vide de l’in-sensé exprime bien la totalité de cette perte.

Emmuré dans l’irrévocabilité de la valeur d’échange, dépossédé de l’usage de sa vie, l’homme-objet est l’autre face des technologies sociales de l’envahissement du sentiment par le bluff des émois de l’appropriation. L’idée d’une richesse non possessive lui est devenue presque impossible à imaginer mais son mal-être persistant dit bien que malgré tout cela ne va décidément pas.

Et c’est du sein même de ce « ne va pas » qu’autre chose peut surgir en tant que tendance à l’auto-dépassement car le temps du malaise en tant qu’aliénation nécessaire est le champ où le sujet se réalise en se perdant, se perd d’abord pour se réaliser ensuite en devenant autre et pour devenir de la sorte la vérité de l’être de lui-même s’il parvient à agripper l’être de la vérité.

Et chacun par l’accouchement philo-analytique de son soi-même dérobé à lui-même a de cette façon le pouvoir de se re-fonder d’après les déterminations du  chercher véridique, en élaborant l’action de son auto-délivrance, à contre-sens des pesanteurs de l’emprise de la consommation des illusions marchandes, ceci dans la continuité des modèles logiques qu’offre la longue tradition critique du logos.

Faire méticuleusement attention au dire de la parole, c’est savoir que la vérité s’inscrit toujours en négatif des apparences et que la réflexion riche en esprit est celle qui sait aller au terme des contradictions. C’est la raison pour laquelle il convient exclusivement de se diriger au-delà du déguisement des mots pour accéder dialectiquement à la parole d’un dire dé-livré qui puisse aboutir tant à la signification de l’être qu’à l’être de la signification.