QUE FAIT LE PHILO-ANALYSTE ?

Le philo-analyste est avant tout un accompagnant qui apporte à celui qui vient le trouver l’appui dont ce dernier a besoin pour accéder au déploiement progressif des véritables questions qui positionnent la réalité des étendues de sa situation existentielle. De ce fait il l’assiste et l’amène ainsi à sa demande dans une démarche de cheminement intérieur qui –  épluchant les divers espaces historiques de l’énigmatique affectif - rend finalement visible ce qui auparavant ne l’était pas.

Le philo-analyste ne fait pas un cours de philosophie. A partir des acquis méthodologiques de la tradition critique apparue au principe de la révolution grecque telle qu’elle a su cerner et discerner philosophiquement ce qu’est la trajectoire de l’essentiel, il conduit simplement un parcours de recueillement et d’éclairage où le devenir de l’être peut finalement l’emporter sur les scissions qui divisent l’être de son devenir.

C’est par ses qualités de présence et d'écoute, ses capacités d'accueil, d’appréciation et de clairvoyance que le philo-analyste, en rapport avec son expérience pratique et théorique de la vérité logique de l’être, met au jour les grands thèmes qui sont au centre de l’exploration rationnelle des caractéristiques intimes de chaque existence particulière.

L’accompagnant invite ici l’accompagné dans une recherche fouillée au sein du monde de son histoire en liaison avec l’histoire du monde aux fins de reconnaître les dynamiques d'authenticité qui rendent possible l’émergence du vrai soi-même, enfin apte à s’assumer en toutes les identités de son ressentir pour devenir objectivement lui-même dans l’acceptation résolue de son chemin de vie spécifique.

Ensemble, et par-delà les désarrois du cours des jours où l'homme ne peut que se perdre dans les stérilités du regarder de travers, accompagnant et accompagné oeuvrent là en conséquence à caractériser les déterminations essentielles de l’histoire de la vue exacte de l’être.

Avant d’être le produit social immédiat et familial de ce qui génère un individu, les inclinaisons, perturbations et chocs qui traversent toute personnalité expriment substantiellement le devenir multi-générationnel de toutes les productions historiques qui précédèrent et préparèrent l’immédiateté sociale de chaque univers familial. Et c’est l’histoire de toutes ces productions de longue durée qui en continuant d’agir actuellement dans la continuité culturelle de l’in-conscient collectif, articule de manière particulière les circonstances présentes de chaque destin spécifique.

Ostensiblement, il existe aujourd’hui dans la société de l’artificiel illimité une tendance hégémonique à psychologiser les rapports sociaux afin d’évacuer la question historique de l’objectivité du mal-être et ainsi mieux arranger l'adaptation des personnes au fonctionnement des impératifs ordinaires du spectacle social.

Le philo-analyste refuse quant à lui, de réduire la problématique historique des désarrois existentiels à des difficultés personnelles résultant de dysfonctionnements psychiques étroitement catalogués comme subjectifs. En effet, il sait bien que dans tous les espaces où commandent les conditions de re-production de la modernité, le règne de la quantité et de l’indifférence s'y exerce implacablement partout en un mal-être universalisé qui est l’instigateur de tous les déchirements individuels tandis que la perception fourvoyée ne peut plus rencontrer que les choses et leur prix, l’amertume et la frustration.

Ce ne sont pas les antagonismes entre le conscient et l’in-conscient des hommes qui déterminent les heurts de leur mode historique d’existence sociale. C’est au contraire l’histoire existante des modalités sociales qui détermine les heurts et malheurs à partir desquelles le conscient des hommes vit tellement contradictoirement à lui-même qu’il ne peut nécessairement que s’enfuir dans un re-fouler obligé et douloureux vers les repliements de l’in-conscient.

A l’encontre des logiques de la fausse conscience qui bernent l’être dans la tromperie d’une simple amélioration formelle du mal-être, le philo-analyste en tant qu’appui de rationalité critique vers le dé-passement conscient de tout ce qui exproprie la vie loin d’elle-même, agit de telle sorte que puissent être dissipées toutes les illusions qui ont exilé l’être hors de l’être et qui suscitent par suite le perdurer éprouvant de toutes ses larmes et alarmes.